Manu Servé - La fiancée du geek | ||
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Aujourd'hui, le dessin primera moins que le texte.
Vous voilà prévenus.
Vous voilà prévenus.
Une photo prise lors d'un crépuscule toulousain. J'ai une petite série de ces photos en contrejour qui finissent par toutes se ressembler mais - que voulez-vous ? - je les trouve intéressantes.
Un jour d’hiver, dans un futur à peine plus loin qu’après demain.
Bastien est sur le bord de l’autoroute. Elle est déserte. C’est surprenant pour un après-midi. Bastien fait un pas. Il est brun, au fait, bien que ça ne serve pas mon propos. Il a l’air mélancolique, ce garçon brun quelque peu métrosexuel. Microsoft Word 2008 ne connaît pas le mot métrosexuel. Le correcteur de Firefox non plus. Wikipédia en donne une définition. Grand bien lui fasse.
Reprenons.
Bastien est un jeune homme brun qui semble se préoccuper de son apparence bien qu’il s’en défende. Il estime faire le strict minimum histoire d’être présentable. Ca se voit d’ailleurs, à sa chemise pas repassée, débraillée, même. Ca donne un côté faux négligé, classe naturelle. C’est vrai qu’il est assez mal rasé. Mais ça lui va bien, quand même. L’enculé.
Reprenons.
Nous sommes dans un futur proche, par un froid après-midi d’hiver, cet enculé de Bastien est sur le bord d’une autoroute qui semble particulièrement peu fréquentée. Il a le regard vague, Bastien, quand il se perd dans ses pensées. Ca lui arrive. Pas constamment, tout juste
fréquemment. Il se décroche des conversations qui perdent de leur intérêt au fur et à mesure que les mots s’accumulent. Il s’abîme souvent – pas au sens propre, n’y ajoutez point de lame, de feu ou de jus de citron ; dites-vous qu’il s’abîme comme s’abîmait Siddhârta – quand il est seul.
Comme tout le monde, il pense, quoi.
Comme beaucoup, il se perd dans ses pensées. Elles ne sont pas des phrases, ou de vagues esquisses sans majuscule ni point. Il s’abîme et s’enlise dans un coton insaisissable.
Reprenons, s’il vous plaît.
Il vous plaît ? C’est surprenant. Il ne se passe pourtant pas grand chose à ce stade de l’histoire. Nous en sommes au trois cent dixième mot à la fin de cette phrase. Il ne s’est rien passé, pourtant, à ce moment de l’histoire. A dire vrai, il ne va pas se passer grand chose dans cette histoire. Notre personnage va s’avancer sur cette autoroute qui semble déserte. Il va se mettre en plein milieu de la voie. Et il va attendre.
Au loin, apparaît un camion. Un mastodonte de la route. Beau comme ce qu’il est. Neutre, surtout. Il roule à vive allure. Dans le futur que je vous décris, les camions ne sont plus limités à 80-90 kilomètres heure. Il y a une raison à cela, alors laissez-moi poursuivre, s’il vous plaît.
Il y a le jeune homme et il y a le camion. L’un se trouve sur le chemin de l’autre. Comme dans une tragédie grecque, la rencontre est inéluctable.
Attardons-nous à peine sur le chauffeur routier. Disons que ce n’est pas un mauvais bougre, qu’il fait bien son boulot et qu’il ne s’appelle pas Fernand. Disons surtout qu’il a vu le garçon sur son chemin. Il l’a vu et il ne ralentit pas, il ne sourcille pas. Il réagit exactement comme s’il n’y avait personne sur cette autoroute. Bref, il ne réagit pas. Hubris seul sait pourquoi.
Le temps que nous avons passé à ne pas décrire notre chauffeur routier et son absence de réaction, le camion est déjà sur Bastien. Il garde les yeux bien ouverts, il écarte les bras, il se concentre sur ses yeux. Le camion le percute de plein fouet.
Stop.
Je n’ai pas dit « Fin ». J’ai dit « Stop ».
Le camion le percute de plein fouet mais il n’y a pas de choc. La seule véritable violence se situe dans le fait que Bastien n’a pas su garder les yeux ouverts. Vous admettrez que ça reste une forme acceptable de violence.
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